Cette dernière semaine du mois de mars fut une fois de plus riche en création et en expérimentations. Et l’équipe s’est agrandie pour deux semaines avec Alice, notre stagiaire qui nous arrive tout droit de Grenoble. Bienvenue dans une semaine du quotidien d’un atelier de design !
Notre premier live Instagram avec Justine (@justincrediblyveggie)
Lundi soir, nous étions invitées sur le compte de Justine, une jeune cheffe végane avec qui nous prévoyons de chouettes projets. Pendant que Justine cuisinait une salade d’oranges, Chloé s’activait derrière ses casseroles pour faire une démonstration de teinture à base d’oignon. Encore merci Justine pour l’invitation ! Et même si la technologie n’était pas de notre côté, nous avons beaucoup aimé cette expérience !
Cette semaine pour Chloé et Alice, teinture au programme pour répondre à une commande de rideaux sur-mesure ! Mais avant toute chose il faut faire disparaître les petites tâches alors on frotte ! (back to the lavoir)
Après ça, on fait chauffer les casseroles et tout ce petit monde va prendre un premier bain d’alun puis le lendemain un bain d’oignon jaune pour le premier rideau et un bain d’avocat pour le second ! Go go les belles couleurs :).
Initiation au tissage pour des étudiant.e.s du CROUS de Strasbourg
Il y a quelques semaines, nous avons contacté le CROUS de Strasbourg pour savoir s’ils souhaitaient proposer des ateliers créatifs à leurs étudiant.e.s et iels ont dit oui tout de suite ! C’est ainsi que mercredi après-midi trois étudiante.e.s strasbourgeois.e.s sont venu.e.s dans notre atelier (oui oui le nôtre ! Notre chez nous, vous avez bien lu, on y reviendra très vite !) pour un atelier d’initiation au tissage avec Louna. Tout le monde s’est essayé au tissage manuel et est reparti avec son tissage mural à accrocher chez soi.
Deux jours de fabrication de papier à l’ESAT de la Fédération des Aveugles
Mercredi et jeudi, Laura, Chloé et Alice sont allées à l’ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) de la Fédération des Aveugles du Grand-Est pour deux jours intensifs de création de papier artisanal. Cette intervention de deux jours signe (enfin) le début d’un long partenariat entre la Fédération des Aveugles et Bouillons. Les participant.e.s aveugles et malvoyant.e.s ont appris la technique de fabrication de papier artisanal. On a déchiré, mixé, noyé les rebuts de papier pour en faire un nouveau papier recyclé, des modules en papier et autres expérimentations. Tout le monde a hâte de repartir pour un second round !
A la recherche de papier
Et pour finir cette semaine sous le signe de l’économie circulaire, Laura et Louna ont enfourché leurs bicyclettes pour aller chercher les chutes de papiers de l’atelier d’impression risographie et sérigraphie, Garage Print. Et on trouve toujours des techniques astucieuses pour ramener tout ça à l’atelier !
Vous souvenez-vous de l’été dernier où bourdonnait chez Bouillons le nom d’un certain Olaf ? L’ automne et l’hiver sont ensuite arrivés, accompagnés de leurs fraiches températures. Notre cher four est alors resté bien au chaud à l’atelier. L’apparition des premiers bourgeons a ébroué les dernières poussières de l’hiver et réveillé Olaf pour célébrer son premier printemps.
Chloé aux manettes des caméras et appareils photos !
La préparation de la cuisson
Pour alimenter le feu qui permettra de cuire les pièces d’argile, nous avons fendu menu menu tout un stère de bois avec nos gros bras. Il faudra six heures durant nourrir les flammes de ces bûchettes d’épicéa avec l’espoir de pouvoir atteindre les mille degrés. Pour perdre le moins de chaleur possible la double paroi du four a été comblée d’un mélange réfractaire composé d’argile sèche et de cendres. Toutes les jointures d’Olaf ont ensuite été scellées par un torchis que nous avons préparé en mêlant à de l’argile des cendres et de la paille.
Pour les cuissons au bois, il est recommandé d’utiliser un bois résineux fendu en très fines bûchettes. Pendant qu’une partie de l’équipe nourrissait le feu, d’autres préparaient le festin.
Toutes les jointures d’Olaf ont ensuite été scellées par un torchis que nous avons préparé en mêlant à de l’argile des cendres et de la paille. Une fois le four assemblé, à vos marques, prêt, feu …feu…feu !!!
Application d’un torchis composé de terre-cendre-paille pour boucher toutes les potentielles pertes de chaleur.
Les premières flammes
Très vite (un peu trop ?) les températures ont atteint les 100 degrés, puis les 200 et puis … et puis l’ascension s’est ensuite avérée plus rude. Les braises s’accumulaient dans l’alandier, nous n’avions pas prévu d’en avoir tant et donc pas conçu de système pour les évacuer.
Pour monter en température, il faut des flammes, beaucoup de flammes, qui viennent lécher les céramiques dans le foyer et transformer l’état de leur matière. Les températures avec de grandes difficultés ont atteint les 300 degrés. Nous rendant à l’évidence que nous ne pourrons pas monter beaucoup plus haut sans modifier le tirage d’Olaf, agrandir sa chambre de cuisson d’un étage et percer son fond, nous avons préféré arrêter d’alimenter le feu et nous réjouir de tous les enseignements offerts par cette première cuisson. Car ce n’est que le début d’une longue longue longue histoire … Olaf a encore toute une vie de four à mener.
Journal de cuisson
Merci !
Un grand merci à Issam pour nous avoir accueilli dans son très beau jardin après avoir fendu beaucoup de bois avec nous. Merci Gilles pour toutes tes nourritures, en bois pour Olaf et en savoir pour Bouillons. Merci Marie-Lucie, Maud et Léonie pour vos précieux conseils de céramiste. Merci, merci, merci les copain.e.s d’être venu veiller ce premier feu de printemps.
Ça y est, les émotions sont redescendues, la journée Couleurs Tétons est digérée ! C’est le moment de faire le point sur cet évènement. De retenir ce qui a bien fonctionné, ce qu’on a aimé, et de comprendre pourquoi certaines choses ont moins bien marché, mettre le doigt sur nos erreurs et apprendre de tout ça ! C’était la première fois qu’on organisait un projet sous cette forme, et à Strasbourg en plus, notre nouveau lieu d’activité. C’était beaucoup de nouveautés, et plein de challenge !
Encore merci à tous.tes celles qui sont venu.e.s, qui ont participé, qui sont passé.e.s, qui ont intervenu… C’est grâce à chacun.e de vous que cet évènement a eu lieu !
L’évènement Couleurs Tétons en deux mots
À l’occasion d’Octobre Rose et de la mobilisation pour sensibiliser au cancer du sein, nous avons imaginé un projet mêlant design durable, engagement féministe, discussions militantes et partage d’expérience pour parler du sein, du cancer du sein et du féminisme dans tout ça. Nous avons investi le Café Bretelles Petites France et l’espace atelier de la boutique Little Nuage. Il y avait des discussions avec des membres de l’association Vivre comme avant, qui accompagne les patientes, une sociologue, des militantes de Osez le Féminisme 67, et l’équipe de Radio Clito, et vous bien sûr. Il y avait aussi un atelier de fabrication de broche tétons avec du réemploi de matériaux laissés de côté. Et il y avait la collection d’objets Bouillons créés spécialement pour l’évènement. Que vous pourrez très très vite retrouver sur notre boutique en ligne (en construction).
L’organisation en amont
Alors ça, c’est une réussite. Nous avons toutes bien vécu ce moment d’organisation grâce à un partage des tâches assez rigoureux. Chercher et contacter les intervenantes, fabriquer les objets, communiquer sur l’évènement, installer… Chacune avait son rôle, et on savait qu’on pouvait ne penser qu’à sa propre mission, que les autres seraient faites avec soin. Bien sûr, la fatigue et le stress était présents la veille de l’évènement, mais il y avait avant tout l’excitation et la satisfaction d’avoir mené ce projet en entier ensemble.
Le tempo de l’évènement
Lorsque l’évènement s’est fini, on a eu ce fameux sentiment, qui doit être commun à tout.e.s ceux.elles qui organisent des évènements, et on s’est regardé en se disant : « DÉJÀ? » On se dit que mettre autant de temps pour créer un moment qui dure si peu de temps, c’est dommage. Mais en même temps, ce n’est sûrement jamais assez long par rapport au temps de création. Et plus l’évènement est long, plus l’organisation est longue… Mais quand même, on a bien envie d’imaginer un tempo différent la prochaine fois, avec plus de respirations, qui dure plus longtemps.
La limite pour participer / assister aux discussions
C’était en même temps ce qu’on recherchait, et en même temps ce qui a amené une petite frustration : le lieu où se déroulaient les discussions (le premier étage du Café Bretelles Petite France) était petit. « Petit », ça veut dire cosy, cocoon, on s’y sent bien et on peut parler de discrimination, de maladie, dans un espace rassurant. Mais « petit » en période de Covid, ça veut aussi dire limité, avec une jauge et des restrictions… C’est sûr qu’on aurait aimé accepter plus que 15 personnes dans cet espace, qui comptait déjà pas mal d’intervenantes… C’était dur de vous refuser l’entrée quand vous aviez répondu présent.e à l’évènement !!! Alors la prochaine fois, il faudra qu’on s’autorise à voir plus grand pour permettre à plus de personnes de participer !
La vente des objets
C’était assez ambitieux quand on y repense de vouloir tout combiner en un seul moment à presque un seul endroit : des moments de parole, un atelier créatif, et la présentation et la vente de nos objets. Forcément quand on organise autant de choses dans un petit espace-temps, certains aspects risquent de s’effacer au profit des autres. Dans ce cas-là, c’est la présentation et la vente des objets qui en a pâti. Nous avions créé des t-shirts, des tapis, des coussins, des bols et couvercles en céramique, exprès pour l’évènement. Cependant, faute de place, ils étaient installés à l’entrée de l’espace conférence/discussion, en haut des escaliers… Et on filtrait (pour ne pas dépasser la jauge tolérée) en bas des escaliers ! Donc évidemment, c’était compliqué d’accéder à cet espace expo-vente ! Et quand finalement vous y arriviez, sur votre chemin pour aller aux toilettes ou sur un malentendu, ça n’était jamais le bon moment pour vraiment s’arrêter et regarder. C’était pile poil à l’endroit où personne ne se sentait libre d’errer ou de discuter quand il y avait une discussion très sérieuse à côté. Et justement, il y avait toujours une discussion très sérieuse à côté ! Alors pour la prochaine fois, il faudra vraiment penser à un espace propice à l’exposition, la vente et le dialogue autour des objets créés.
L’atelier créatif
C’était vraiment super de sentir que l’atelier vous plaisait ! Comme pour les discussions, il y avait un nombre limité de places, et l’espace était toujours plein ! Nous avons voulu tenter le concept du prix libre pour la participation à l’atelier, mais il en ressort qu’il est décidément compliqué à mettre en place. L’objectif du prix libre est de permettre à chacun.e de participer à l’atelier avec ses propres moyens d’une part, et de responsabiliser le public en lui demandant de réfléchir à la valeur d’un atelier comme celui-là. Bien sûr, comme il y a plein de choses cachées derrière la mise en place d’un atelier créatif, nous avions réalisé un petit document informatif pour expliquer que cela impliquait du temps, de la récupération de matériaux, des savoir-faire, etc. L’idée était d’accompagner le.a participant.e dans sa réflexion et de ne pas l’abandonner face à une tirelire vide. Mais en pratique, il est vraiment difficile de juger de la valeur d’un atelier créatif en tant que participant.e à l’heure des tutos et du DIY gratuits sur internet ! Alors comme nous ne voulons pas au contraire dévaluer notre activité, et vous mettre et nous mettre dans une situation inconfortable, nous allons revenir à des prix fixes.
Ce qu’on a vraiment aimé
– Imaginer un projet « global ». – Rassembler des personnes liées par un sujet mais qui ne se connaissent pas. – Créer des moments d’interactions autour d’un sujet engagé. – Rencontrer plein de personnes passionnées à leur manière. – Vous voir intéressé.e.s et participer !
Cette semaine, à Mulhouse ça ne chôme pas ! Nous sommes toutes les quatre réunies pendant toute une semaine et on en profite pour tout avancer à pas de géantes ! On vous raconte un peu nos activités variées…
Construction du four Olaf
Vous avez entendu parler de la construction de Olaf Four ? Mais si, vous savez, ce four que nous construisons en céramique pour faire cuire de la céramique. Ce four que nous allons faire cuire dans un autre four et qui servira à enfourner des pièces. On vous a perdu.e ?
Alors revenons au début du projet ! Nous avons imaginé des événements qui auront lieu dès que le Covid nous aura quitté.e.s et que les beaux jours seront de retour ( vous saurez en saurez plus sur ces évènements très prochainement, promis ! ). Et ces évènements nécessiteront un four nomade dans lequel nous cuirons des pièces en céramique ainsi que des pizzas !
Ce four, baptisé Olaf, est en cours de construction. Laura et Morgane profitent de leur accès au four à céramique de l’école pour cuire cette grosse pièce pensée en plusieurs modules. Olaf sera donc notre compagnon que nous monterons et démonterons dans des jardins, des parcs et tout autre lieu qui accueillera les événements Bouillons. Olaf sera le four nomade de l’atelier !
Cette semaine, les trois modules montent progressivement, et les bleus de travail se teintent de orange… Affaire à suivre !
Construction du site internet
Pendant ce temps, dans l’appartement rue des Tanneurs, d’autres méninges s’activent : ceux de Louna pour préparer la sortie de notre site internet ! Nous nous sommes lancées dans ce projet de site au début du confinement, en parallèle de notre petit journal de bord. Depuis mi-mars, nous imaginons de A à Z chaque page pour vous présenter Bouillons avec les valeurs de l’atelier, l’équipe, les projets, les collaborations, les évènements, les inspirations… Et l’alliance des compétences informatiques de Louna et de l’expertise de Dimitri, informaticien dévoué à l’atelier Bouillons (merci à toi !), font des merveilles ! On vous laisse découvrir ça par ici et nous dire ce que vous en pensez…
Photo shooting des tapis
Il était temps de photographier tous ces beaux tapis tissés par Louna ! On a profité d’un moment d’éclaircie pour archiver ces productions… Et pour en savoir plus sur ce projet qui lie ameublement, tissage à la main et upcycling, rendez-vous sur cette page !
Tests de shiboris et d’écoprints
Dans l’atelier-appartement rue des Tanneurs, les méninges chauffent et les casseroles aussi ! Pendant que Louna travaille sur l’ordinateur, Chloé fait des tests d’impressions végétales sur du textile. Comme toujours chez Bouillons, nous cherchons à donner une nouvelle vie à des matières usées. Parce qu’il y a parfois des marques de vie qui se révèlent sur un vêtement usé que l’on surteint, Chloé teste différentes techniques d’impressions pour valoriser ces textiles mis de côté en évitant l’éffet « taches ». L’écoprint est une technique qui permet de faire des traces colorées de végétaux sur le tissu et c’est là-dedans qu’elle se lance en ce moment. Il y aussi un projet de shibori qui est en train de voir le jour…
Restez attentif.ve.s, nous vous préparons de nouvelles collections textiles… On ne saura pas garder le mystère bien longtemps, vous nous connaissez !
Il y a des livres qui préparent au pire, à la « fin du monde ». Ce sont les livres qu’on parcourt avec un certain soulagement, on est libéré.e.s d’un poids et on se dit : « c’est vrai, il pourrait arriver bien pire. ». Ou, « waouh, ce n’est certainement pas une fin en soi de vivre comme ça, ça va en fait. ».
Comme un réconfort, comme on tient une tasse chaude des deux mains, je me lance avidement dans la lecture de certains livres, que j’aimerais aujourd’hui vous partager.
Je ne sais pas s’il y a un point de départ, mais si je dois en nommer un maintenant pour paraître plus ordonnée, je citerai « Le réveil des imaginaires », hors-série du magazine Socialter, dont Alain Damasio est le rédacteur en chef.
Disons qu’il a fait liant avec des lectures passées, et je me rends compte aujourd’hui, avec des lectures à venir.
En fait, lire, développe l’imaginaire. Oui, ça paraît tout bête dit comme ça, tout comme le mot imaginaire, qu’on relie souvent à l’enfance.
Du peu que j’en sais, l’imaginaire, les histoires, les récits récents ou transmis par mille voix depuis des générations, ont quelque chose en commun qui fait qu’on est intrigué.es, qu’on a envie de s’y plonger, de pleurer, de comprendre, de ressentir, d’être transporté.es. Tout ça par le biais d’imaginer, ces scènes, ces personnages, on s’identifie à une personne ou à une autre.
Et ça paraissait anodin pour moi (enfin pas anodin, mais secondaire disons) d’imaginer. Inné parce que je lis beaucoup, et utile parce que ça me sert dans mes études artistiques.
Puis je suis arrivée en confinement, comme tout le monde. J’ai eu du « temps », ce grand gros mot. J’ai jeté un coup d’oeil plus neuf à la bibliothèque coincée dans l’obscurité de mon salon. J’ai commencé à lire, comme toujours, mon dernier achat en date, qui était cette revue achetée sur internet, financée sur Ulule. Parce que le thème était accrocheur et que je connaissais un peu Alain Damasio, je l’ai acheté et il est arrivé chez moi quelques mois plus tard. J’ai commencé à lire sur ce qu’était un imaginaire, un mythe, un récit, un renversement de situation, une représentation subjective, une utopie, une dystopie, une science-fiction.
Imaginer c’est inventer un monde. Construire une branche possible d’un mode de vie. Sylvie Germain dit quelque chose de très vrai, inventer est assimilé à créer quelque chose qui n’existe pas, comme quand on invente un monde dans un livre.
Pourtant c’est par ses expériences, ses tessons de rencontres, d’odeurs, les mots des autres, ce qu’elle a vu, lu, entendu, qu’elle a pu broder des romans. Elle compare ça à l’archéologue, qui invente car il/elle reconstitue un récit, un vase, à partir de morceaux qui ont existé, et il/elle en tisse une histoire. C’est une invention. Alors quand c’est un livre de science-fiction par exemple, et qu’on lit le récit incroyable d’êtres non-genrés qui vivent sur une planète orange, avec des mouches-pollens, et bien ça aussi c’est tiré de tessons d’expériences existantes, de ce qu’on appelle à tort « la vraie vie ».
Si on accepte cette simple équation, alors lire, des livres fantastiques, lyriques, aventureux, empreints d’imaginaires alternatifs, de fins du monde, et de personnes non-genrées, alors ça existe aussi dans notre monde. Et plus qu’exister, ça devient un socle d’ouverture sur le monde, qui montre des champs du possible.
C’est ce que j’aime avec les livres fantastiques, dramatiques, de science-fiction, etc. On se croit protégé.e parce que la réalité décrite est vraiment loin de la nôtre, et pourtant, derrière, comme dans chaque conte d’enfant, on y retrouve cachées les expériences d’êtres humains qui ont vécu des choses, qui décrivent des systèmes politiques existants, des relations qu’ils ont pu avoir.
Le fantastique est réel. Et imaginer, voir ces écrits avec nos yeux dans la tête, fait que si on lit les livres ouverts (j’appelle livres ouverts ceux qui nous montrent des modes de vie alternatifs et différents), on se prépare un socle d’acceptation des changements de société. On crée ce pouvoir d’imaginer des alternatives, des changements de point de vue loin de qu’est ce qu’est la « vie normale ».
On aime beaucoup cette expression, surtout depuis qu’on est confiné.e.s, on se prête à imaginer « le retour à la normale » comme on dit. On écoute les voisin.es, familles, et ils,elles, parlent de ce « retour à la normale » aussi.
C’est dans ce genre de situation qu’on comprend le poids des mots. Sous ces simples mots légers ça suinte pourtant le capitalisme, le profit, la banalité, l’ennui, le manque d’ouverture, la maîtrise de tout, de la nature et des êtres humains.
Mais je ne veux pas ça. Quand je lis, quand je mange, quand je rêve, quand je pédale sur mon vélo quand je peux enfin sortir, je sais que je ne veux pas ça.
C’est pourquoi je me méfie des mots, comme « fin du monde », « normal », « confinement », « changement climatique ». Même les jolis, « effondrement du capitalisme », « alternatif », … . Et alors j’en savoure des nouveaux, des retrouvés-rescapés, que je lis dans mes livres ouverts, comme : bruissement, fruition, vivant, récit, semence, etc.. Je les tourne sur ma langue, les fait rebondir, en les suçant pour comprendre s’ils touchent la partie douce, salée ou amère de ma langue.
Lire les livres ouverts crée un bagage, un outillage de plus en plus sophistiqué, des sortes d’outils pour concevoir des modes de vie qui nous correspondent plus que ceux de l’avant-confinement et bien avant encore.
Ce sont des livres qui donnent du courage, qui rendent actif.ve, qui montrent des chemins de vie sinueux pas encore tracés sur les cartes.
Et qui défendent, je le sais, un retour à l’anormale.
La liste sans fin des livres ouverts (empreints d’imaginaires):
Le réveil des imaginaires – Socialter, Alain Damasio & cie
Dans la forêt, Jean Hegland
Une vie bouleversée, Etty Hillesum
La Main gauche de la nuit, Ursula Le Guin
Les furtifs, Alain Damasio
Les Agronautes, Cédric Rabany
Ce qu’il reste de nos rêves, Flore Vasseur
Qui a peur de la mort ? Nnedi Okorafor
Livres de la terre fracturée (trilogie), N. K. Jemisin
Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux
L’événement anthropocène, La Terre, l’histoire et nous, Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz
Ce à quoi nous tenons, Propositions pour une écologie pragmatique, Emilie Hache
Manières d’être vivant, Baptiste Morizot
Kindred, Octavia Butler
Le Silence de la cité, Elisabeth Vonarburg
Alliances, Jean-Marc Ligny
Petit manuel de résistance contemporaine, Cyril Dion
Les coloriés, Alexandre Jardin
La mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé
Les Royaumes du Nord, Philippe Pullman
etc.. N’hésitez pas à en rajouter en commentaires !
Que vos lectures vous donnent envie d’ouvrir vos volets chaque matin,
Laura
et un extrait d’un des articles du « Réveil des imaginaires » :
Pour ce deuxième chapitre consacré à la cuisine zéro-déchet, c’est Léa, cuisinière professionnelle et organisatrice d’événements culinaires, qui va donner ses tips pour cuisiner sans faire de déchets :
Pour limiter vos déplacements au supermarché (et pour vous éviter la queue type Disneyland dès l’entrée), on a pensé aux gestes simples qui vous permettront de vous nourrir de façon responsable. A la clé, moins de déchets et de gaspillage…
1. Les essentiels
Les dates de péremption
En cuisine professionnelle, le premier truc qu’on vous apprend c’est de faire attention aux DLC (dates limites de consommation). Pour éviter le gaspillage, on a la technique du first in first out. Ça veut simplement dire que l’on utilise l’ancien aliment avant le nouveau. C’est du bon sens qui nous évite de découvrir un paquet de jambon datant de 2016 au fond de nos frigos. Ainsi le principe est élémentaire, on met en premier les aliments qui ont une DLC courte et on fait un roulement. L’idée c’est que la première chose que vous voyez quand vous ouvrez votre frigo c’est les aliments qui périment bientôt.
Cuisiner les bonnes quantités
C’est toujours compliqué d’adapter la quantité au nombre de convives. On a toujours peur de manquer. Le problème est que lorsqu’on produit trop, c’est qu’on fini par jeter. Personne n’a envie de manger pour la quatrième fois le même plat, alors il faut cuisiner pour le nombre de personnes présentes à table et pas plus !
Des courses organisées
C’est connu, il ne faut pas aller faire les courses avec l’estomac vide, mais il ne faut pas non plus aller les faire sans être organisé. Pas forcément besoin de créer tous vos menus de la semaine. Mais quelques lignes directrices aident.
2. Les bouillons, pour tout utiliser !
Ils donnent du goût à toutes vos cuissons et préparations, pouvant servir de base pour des sauces, des soupes ou des plats cuisinés et vous feront oublier vos cubes Knors. Le bouillon de légumes peut être effectué avec pratiquement toutes les chutes de légumes et quelques aromates. On peut faire des variantes (aux saveurs asiatiques, indiennes ou autres par exemple)
La recette du bouillon de légumes
Laver et éplucher les chutes et épluchures de légumes. Mettre une cuillère d’huile d’olive dans la cocotte, ajouter tous les légumes et les colorer délicatement. Ajouter le persil, l’ail, le poivre, l’eau. Faire bouillir à petits frémissements durant 1h à 1h30.
La recette de « cubes de bouillon de légumes »
Même début de recette mais la petite astuce est de mettre le bouillon dans des cubes à glaçons. (On peut également ajouter de l’agar-agar qui est un gélifiant naturel). Ainsi vous avez la quantité suffisante à chaque utilisation.
Le jus de viande
C’est la technique parfaite pour le zéro déchet ! Le principe est d’utiliser toutes les parures de viande (veau, bœuf, agneau, volaille…). Il faut simplement ajouter une garniture aromatique et des chutes de légumes disponibles. Avec un bon jus de viande, on réussi toutes nos sauces !
La recette :
Rissoler les parures de la viande dans une casserole avec un peu d’huile. Bien colorer les morceaux, fariner légèrement et bien remuer,
Ajouter la garniture aromatique puis les herbes et faire suer,
Mouiller avec de l’eau,
Réduire jusqu’à environ la moitié de la quantité,
Filtrer le jus de viande et continuer à réduire
La variante pour le poisson s’appelle le fumet et le principe reste le même.
3. Le salage
Une technique ancestrale qui a fait ses preuves. Pour conserver un poisson ou une viande plus longtemps et ajouter du goût, rien de mieux que le salage.
L’exemple parfait est le gravlax. Recette d’origine nordique, elle convient pour conserver du poisson et même de la viande.
La recette du saumon Gravlax
Pour 500 g de saumon, il faut 150 g de gros sel, 80 g de sucre en poudre et divers graines (comme Baie rose, poivre, aneth ou autre).
Désarêter le saumon,
Mélanger ensuite le sucre avec le gros sel et les graines,
Répartir le mélange sur une plaque puis poser le saumon par-dessus, côté chair,
Recouvrir d’un film alimentaire puis laisser au frais pendant 10 à 12 h,
Rincer le saumon à l’eau claire puis le sécher à l’aide de papier absorbant.
4. Les bocaux
La recette de la confiture
Rien de tel qu’une confiture pour utiliser les fruits murs et les conserver des mois. Un classique qui fonctionne !
1,2 kg de fraises équeutées/ 1,2 kg de sucre semoule ou de sucre cristallisé/ 1 citron
Laver les fruits, presser le citron pour en extraire le jus,
Mélanger l’ensemble et laisser macérer quelques heures,
Porter à ébullition, Maintenir un feu vif et remuer souvent 15 à 20 minutes,
Fermer et mettre les bocaux à l’envers 1 min, puis les remettre à l’endroit pour les laisser refroidir
La recette des pickles
1 botte de radis (ou autres légumes)/ environ 100 g de sucre/ des aromates et/ou épices et de l’eau 50 cl
Laver soigneusement les radis. Dans une casserole, mettre à bouillir le vinaigre, le sucre et l’eau, les aromates, les épices et verser le tout sur les radis.
Couvrir, puis laisser reposer pendant 48 h minimum avant de les conserver en bocaux.
La recette des légumes à l’huile
Laver et couper les légumes de votre choix,
Mettre en bocal avec de l’huile d’olive.
4. La terrine et la rillette
Elles permettent de consommer un grand nombre de type de « reste » sans s’en rendre compte.
La recette de la terrine
500g de reste de volailles (par exemple)/ 3 échalotes/ 3 gousses d’ail / 1 gros bouquet d’aromates / 5 œufs/ 30 cl de crème fraiche / légumes divers/ huile d’olive
Pelez, hachez et faites suer dans de l’huile les échalotes et l’ail. Coupez les blancs de volaille en cubes, mixez-les avec les œufs, la crème fraîche, du sel, du poivre, la fondue d’ail et d’échalotes. Lavez les herbes et ciselez-les finement,
Préchauffez le four à 180 ºC. Chemisez (beurrez) la terrine. Remplissez-la de la moitié de la préparation au poulet, ajoutez les aromates puis l’autre moitié. Recouvrez de légumes et d’une feuille de papier sulfurisé.
Enfournez pour 1 heure au bain-marie. Servez tiède ou froid avec une salade verte.
La recette de la rillette
500 g de reste de saumon ou autre poisson/ 60g de beurre/ 15 cl de crème liquide/ épices
Mettre le saumon dans un bol, puis l’émietter à l’aide d’une fourchette et ajouter le beurre à température ambiante avec les épices. Verser progressivement la crème.
6. Les desserts
Encore une vieille technique de grand-mère, mais elles avaient tout compris… Transformer les restes en desserts gourmands.
La recette du pain perdu
Du pain rassis/ 3 œufs/ 50 g sucre/ 175g de lait
On mélange œufs battus, sucre et lait. On trempe le pain dans la préparation. On attend que le pain soit légèrement mou. Dans une poêle, on fait dorer le pain avec du beurre. On peut ajouter plein de choses à notre pain : caramel, sucre, sirop d’érable. Hyper gourmand !
La recette du pudding
1 l Lait/ 4 œufs / 5 g de cannelle/ 250 g de pain rassis/ 50 g de raison sec / 50 g de beurre
Couper le pain rassis en petits morceaux, puis le disposer dans un moule beurré et ajouter les raisins secs. Préchauffer le four à 180 °C.
Dans une casserole, faire chauffer le lait à feu doux. Ajouter la cassonade et la cannelle, mélanger puis retirer du feu. Faire fondre le beurre à feu doux. Battre les œufs, puis ajouter progressivement le beurre fondu et le lait chaud. Verser ensuite l’ensemble de la préparation dans le moule et la saupoudrer de cannelle.
Enfourner pendant 45 min à 1 h, jusqu’à ce que le centre du pudding soit pris
7. La congélation
Opération incontournable pour conserver les aliments. Il faut cependant respecter quelques règles pour congeler vos bons petits plats.
Premièrement l’emballage doit être hermétique et étanche (dans des contenants qui résistent aux forts écarts de températures). Deuxièmement on ne congèle que des aliments froids. Enfin on indique le contenu et la date de congélation.
LA règle d’or à vraiment respecter : ne recongelez jamais un produit qui avait déjà été congelé ou surgelé.
8. Le compost
On allège ses poubelles de 40% avec un compost. Il est possible d’en fabriquer un ou d’en acheter dans le commerce. En appartement ou en maison, il est possible d’avoir un compost qui ne prend pas trop de place et qui est impeccable pour vos plantes. En une semaine on récupère le jus de fermentation qui sert à l’arrosage des plantes (1/3 de liquide+2/3 d’eau) et en un mois on a un compost à mélanger avec la terre des plantes.
Le plus important au quotidien, c’est de se poser la question avant de jeter si on est sûr que rien ne peut être utilisé. L’idée est de toujours être dans une utilisation optimale de chaque aliment. Ca fera un bien fou à la planète et à votre portefeuille.
Aujourd’hui Sophie, la sœur de Morgane, partage sa recette de crêpes et un petit texte pour introduire la délicieuse odeur du beurre qui frémit sur la billig.
« Au levé du jour, l’oncle et la tante ont trait leurs vaches. Ce lait, tout juste sorti du pis, épouse le mélange. Pendant ce temps le beurre chante. Il accompagne la mélodie du cidre dans nos verres. une agréable odeur infuse le lieu. le beurre roussi, se parfume et prend une couleur noisette. Le beurre est additionné comme un volcan sorti de son repos, la pâte crépite et laisse apparaître des petites bulles qui éclatent. Sur la billig, la pâte est versée. D’un mouvement ni trop vif, ni trop lent, la rozell étale la pâte. La crêpe se colore, dore, puis fond dans la bouche. » Sophie
Pendant une journée, on vous avait lancé le défi de créer des maquettes de chaises… La chaise, cet objet-phare de designeur.euse… Et on n’a pas été déçues par vos retours !!!
Cette idée ne venait pas de nous, mais de Maxenrich et Sight Unseen, qui proposaient sur Instagram de jouer au designeur.euse en faisant des chaises miniatures avec des objets de la maison. Ni une ni deux, on a lancé tout le monde sur le projet !
Pendant ces temps de confinement, on utilise et on détourne tous les jours des objets de nos maisons. On redécouvre ce qu’on a au fond de nos tiroirs et on imagine d’autres usages avec nos objets quotidiens pour combler ce qu’on n’a pas… Alors imaginer du mobilier en riquiqui avec nos petites babioles, ça nous a séduites !
En jouant le jeu, vous nous avez montré, une fois de plus, qu’on est tous.tes inventeur.euse à notre manière ! On a beaucoup aimé recevoir des petits bouts de vos chez-vous et constater votre créativité !
On vous laisse cette petite galerie de photos pleine de perles…
Lorsque c’est mon tour de cuisiner, je commence par faire l’état des lieux des aliments que m’offrent mes placards et la pièce d’à côté plus fraîche qui nous sert de garde-manger et aussi d’atelier. Les légumes, les graines, les épices, les farines, alignés les uns à côté des autres semblent être une palette de peintre, une palette comestible chargée d’énergies solaires et terrestres qui bientôt nourriront toute une tablée. Comme des mains creusées pour accueillir l’eau d’un ruisseau, les bols et les assiettes en faïence peinte un peu ébréchées portent la mémoire de tant de repas quotidiens et qui aujourd’hui encore accueilleront le déjeuner pour offrir l’énergie vitale. Alors comme le bol, je souhaite accueillir tel les vieilles racines du mot, c’est-à-dire réunir, rassembler.
Studio Olafur Eliasson, En Cuisine
Je me souviens d’un stage que j’ai réalisé chez un artiste faiseur de meubles et de poussière de bois. Le temps du repas était un moment essentiel dans la journée, l’heure de la sieste des machines, le temps de la pause et des discussions. L’heure du déjeuner m’offrait chaque jour un peu plus d’informations sur les personnes qui travaillaient dans l’atelier. Chaque déjeuner complétait des bribes de leurs histoires. Une heure avant le déjeuner, je quittais ma ponceuse et mes poussières pour monter à la cuisine toute éclairée du soleil qui passait au travers de la verrière. C’était un moment délicieux avec lequel je devais répondre à une importante mission : faire plaisir avec des ingrédients simples et une petite heure de travail. Sur la grande table ronde en bois, je disposais le paysage des plats et des couverts autour d’un bouquet de fleurs fraîches. The Food is ready ! S’en suivait alors le silence soudain des machines et les pas dans les escaliers, puis le bruit des couverts et des conversations. Je me demandais parfois comment les nuages au-dessus de nous voyaient ce repas et ses convives, sûrement une sorte de petit écosystème.
Manger ça concerne tout le monde, car pour vivre nous devons manger. Pour nous déplacer, agir, penser, nous avons besoin d’énergie, de nutriments. Se nourrir est un acte premier, vital, indispensable à la vie.
Je pense qu’être designeuse, c’est réfléchir à comment accueillir, comment créer des connexions, comment lier des éléments, des personnes, des savoirs, des cultures entre elles comme dans le foyer d’une cuisine. Design vient de l’ancien français designer dérivé du latin designare c’est-à-dire “marquer d’un signe, dessiner, indiquer”. Alors en étant designeuse je me demande qu’est ce que je veux montrer, qu’elle est l’empreinte que je souhaite laisser ? Comment je veux vivre ? Comment puis je être composante de cette immense communauté vivante que porte la planète ? Un village, une ville, c’est un peu comme cette grande table, mais avec beaucoup d’ingrédients qui sont des êtres vivants, des éléments naturels, des constructions, des réseaux, des flux, etc … À l’échelle de mon village, de ma ville, comment puis-je de nouveau penser cette table et réunir autour d’elle ? Au centre de la table est posé un pain. Je me demande alors qui l’a fait, d’où vient la farine qui le compose, combien de jours prends un levain pour monter, d’où vient le blé qui fait sa farine, qui a récolté et semé ce blé, et les graines avant d’être semées où étaient-elles, comment on-elles poussé, depuis quand existent-elles ? Un pain peut apporter tant de questionnements ! On part d’un petit point pour débobiner mailles après mailles son histoire qu’on peut ensuite lier à d’autres histoires, d’autres compagnon.e.s. Compagnons me dit mon cher dictionnaire vient du latin companionem, c’est à dire « celui qui partage le pain avec un autre », de cum, « avec », et panis, « pain ».
Il est maintenant l’heure de dessiner notre table avec ses plats, ses recettes, ses compogon.e.s, ses convives et ses délicieuses couleurs.
Alors ce mot peut sembler un peu bizarre, mais il explique un concept inventé par René Redzepi, le chef du restaurant Noma à Copenhague. Cela veut dire cuisiner avec la totalité des aliments qu’on utilise, qu’il ne reste plus aucun déchet alimentaire, même à mettre au compost ! L’idée, c’est que TOUT se mange.
Le point de départ de cette trouvaille c’était quand j’ai regardé le documentaire « Le théâtre de la vie » sur Netflix, qui m’avait interpellé par son nom pas anodin. Le documentaire raconte l’aventure culinaire du chef Massimo Bottura, qui a fondé le Refettorio Ambrosiano, à l’occasion de l’Exposition Universelle de Milan, consacrée à l’alimentation. Cette soupe populaire expérimentale accueille alors des classes d’enfants qui viennent manger le midi et le soir des personnes sans domiciles. Des chefs se succèdent et cuisinent gratuitement à partir d’excédents alimentaires cédés par des partenaires et supermarchés voisins.
Le concept de Massimo est simple et se résume à cette formule : « Le pain est d’or ». On peut faire de la panure avec du pain rassis, du bouillon avec des épluchures de légumes. Du chutney avec des peaux de banane. Et ça peut être délicieux, ça peut être digne de la table d’un grand restaurant, et cette éducation au goût doit être accessible à tous.tes.
J’ai donc lu l’aventure de Massimo dans son livre qui porte le même nom « Le pain est d’or », et me suis renseignée sur le trash cooking vu par René Redzepi. Je vous partage les recettes qui m’ont marqué, et qui montrent qu’on peut cuisiner vraiment avec tout :
En tout cas, cuisiner avec les rebuts alimentaires ne date pas de la dernière pluie. La cuisine bouddhiste, qu’on appelle zen aussi, a toujours mis en valeur l’aliment, et développé un respect mutuel entre l’aliment et la personne qui cuisine. Le tenzo, moine cuisinier, cuisine uniquement des plats végétariens. Les préceptes de cette cuisine sont :
traiter les aliments avec respect et gratitude
rechercher l’harmonie des saveurs
clarifier son esprit
adopter joie, bienveillance, ouverture d’esprit et méditation
observer une hygiène rigoureuse
La cuisine zen n’est alors pas seulement une alimentation saine, c’est aussi une philosophie de vie qui interroge notre être au monde, à soi, à l’autre.
Comme dit le chef cuisinier Gaston Acurio : « Lutter contre le gaspillage commence par comprendre comment les autres cultures utilisent au mieux leurs ingrédients. En observant les différentes traditions culinaires, on peut inventer de nouvelles, qui permettent de résoudre les problèmes du gaspillage alimentaire, mais également de rapprocher les hommes. »
Pour finir, petite anecdote, sachez que 90% de notre sérotonine est produite dans notre ventre, et que la sérotonine c’est le neurotransmetteur impliqué dans la gestion des humeurs et c’est lui qui est associé à notre état de bonheur. Donc prenons soin de nos petits et gros estomacs pendant ce confinement !
En vous souhaitant une belle journée à la vivacité d’une pastèque à hélices !