Les livres ouverts

Il y a des livres qui préparent au pire, à la « fin du monde ». Ce sont les livres qu’on parcourt avec un certain soulagement, on est libéré.e.s d’un poids et on se dit : « c’est vrai, il pourrait arriver bien pire. ». Ou, « waouh, ce n’est certainement pas une fin en soi de vivre comme ça, ça va en fait. ».

Comme un réconfort, comme on tient une tasse chaude des deux mains, je me lance avidement dans la lecture de certains livres, que j’aimerais aujourd’hui vous partager.

Je ne sais pas s’il y a un point de départ, mais si je dois en nommer un maintenant pour paraître plus ordonnée, je citerai « Le réveil des imaginaires », hors-série du magazine Socialter, dont Alain Damasio est le rédacteur en chef.

Disons qu’il a fait liant avec des lectures passées, et je me rends compte aujourd’hui, avec des lectures à venir.

En fait, lire, développe l’imaginaire. Oui, ça paraît tout bête dit comme ça, tout comme le mot imaginaire, qu’on relie souvent à l’enfance.

Du peu que j’en sais, l’imaginaire, les histoires, les récits récents ou transmis par mille voix depuis des générations, ont quelque chose en commun qui fait qu’on est intrigué.es, qu’on a envie de s’y plonger, de pleurer, de comprendre, de ressentir, d’être transporté.es. Tout ça par le biais d’imaginer, ces scènes, ces personnages, on s’identifie à une personne ou à une autre.

Et ça paraissait anodin pour moi (enfin pas anodin, mais secondaire disons) d’imaginer. Inné parce que je lis beaucoup, et utile parce que ça me sert dans mes études artistiques. 

Puis je suis arrivée en confinement, comme tout le monde. J’ai eu du « temps », ce grand gros mot. J’ai jeté un coup d’oeil plus neuf à la bibliothèque coincée dans l’obscurité de mon salon. J’ai commencé à lire, comme toujours, mon dernier achat en date, qui était cette revue achetée sur internet, financée sur Ulule. Parce que le thème était accrocheur et que je connaissais un peu Alain Damasio, je l’ai acheté et il est arrivé chez moi quelques mois plus tard. J’ai commencé à lire sur ce qu’était un imaginaire, un mythe, un récit, un renversement de situation, une représentation subjective, une utopie, une dystopie, une science-fiction.

Imaginer c’est inventer un monde. Construire une branche possible d’un mode de vie. Sylvie Germain dit quelque chose de très vrai, inventer est assimilé à créer quelque chose qui n’existe pas, comme quand on invente un monde dans un livre. 

Pourtant c’est par ses expériences, ses tessons de rencontres, d’odeurs, les mots des autres, ce qu’elle a vu, lu, entendu, qu’elle a pu broder des romans. Elle compare ça à l’archéologue, qui invente car il/elle reconstitue un récit, un vase, à partir de morceaux qui ont existé, et il/elle en tisse une histoire. C’est une invention. Alors quand c’est un livre de science-fiction par exemple, et qu’on lit le récit incroyable d’êtres non-genrés qui vivent sur une planète orange, avec des mouches-pollens, et bien ça aussi c’est tiré de tessons d’expériences existantes, de ce qu’on appelle à tort « la vraie vie ». 

Si on accepte cette simple équation, alors lire, des livres fantastiques, lyriques, aventureux, empreints d’imaginaires alternatifs, de fins du monde, et de personnes non-genrées, alors ça existe aussi dans notre monde. Et plus qu’exister, ça devient un socle d’ouverture sur le monde, qui montre des champs du possible. 

C’est ce que j’aime avec les livres fantastiques, dramatiques, de science-fiction, etc. On se croit protégé.e parce que la réalité décrite est vraiment loin de la nôtre, et pourtant, derrière, comme dans chaque conte d’enfant, on y retrouve cachées les expériences d’êtres humains qui ont vécu des choses, qui décrivent des systèmes politiques existants, des relations qu’ils ont pu avoir. 

Le fantastique est réel. Et imaginer, voir ces écrits avec nos yeux dans la tête, fait que si on lit les livres ouverts (j’appelle livres ouverts ceux qui nous montrent des modes de vie alternatifs et différents), on se prépare un socle d’acceptation des changements de société. On crée ce pouvoir d’imaginer des alternatives, des changements de point de vue loin de qu’est ce qu’est la « vie normale ». 

On aime beaucoup cette expression, surtout depuis qu’on est confiné.e.s, on se prête à imaginer « le retour à la normale » comme on dit. On écoute les voisin.es, familles, et ils,elles, parlent de ce « retour à la normale » aussi. 

C’est dans ce genre de situation qu’on comprend le poids des mots. Sous ces simples mots légers ça suinte pourtant le capitalisme, le profit, la banalité, l’ennui, le manque d’ouverture, la maîtrise de tout, de la nature et des êtres humains. 

Mais je ne veux pas ça. Quand je lis, quand je mange, quand je rêve, quand je pédale sur mon vélo quand je peux enfin sortir, je sais que je ne veux pas ça. 

C’est pourquoi je me méfie des mots, comme « fin du monde », « normal », « confinement », « changement climatique ». Même les jolis, « effondrement du capitalisme », « alternatif », … . Et alors j’en savoure des nouveaux, des retrouvés-rescapés, que je lis dans mes livres ouverts, comme : bruissement, fruition, vivant, récit, semence, etc.. Je les tourne sur ma langue, les fait rebondir, en les suçant pour comprendre s’ils touchent la partie douce, salée ou amère de ma langue. 

Lire les livres ouverts crée un bagage, un outillage de plus en plus sophistiqué, des sortes d’outils pour concevoir des modes de vie qui nous correspondent plus que ceux de l’avant-confinement et bien avant encore. 

Ce sont des livres qui donnent du courage, qui rendent actif.ve, qui montrent des chemins de vie sinueux pas encore tracés sur les cartes.

Et qui défendent, je le sais, un retour à l’anormale

La liste sans fin des livres ouverts (empreints d’imaginaires):

  • Le réveil des imaginaires – Socialter, Alain Damasio & cie
  • Dans la forêt, Jean Hegland
  • Une vie bouleversée, Etty Hillesum
  • La Main gauche de la nuit, Ursula Le Guin
  • Les furtifs, Alain Damasio
  • Les Agronautes, Cédric Rabany
  • Ce qu’il reste de nos rêves, Flore Vasseur
  • Qui a peur de la mort ? Nnedi Okorafor
  • Livres de la terre fracturée (trilogie), N. K. Jemisin
  • Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux
  • L’événement anthropocène, La Terre, l’histoire et nous, Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz
  • Ce à quoi nous tenons, Propositions pour une écologie pragmatique, Emilie Hache 
  • Manières d’être vivant, Baptiste Morizot
  • Kindred, Octavia Butler 
  • Le Silence de la cité, Elisabeth Vonarburg
  • Alliances, Jean-Marc Ligny
  • Petit manuel de résistance contemporaine, Cyril Dion
  • Les coloriés, Alexandre Jardin
  • La mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé
  • Les Royaumes du Nord, Philippe Pullman

etc.. N’hésitez pas à en rajouter en commentaires !

Que vos lectures vous donnent envie d’ouvrir vos volets chaque matin,

Laura

et un extrait d’un des articles du « Réveil des imaginaires » :

La cuisine zéro-déchet – Partie 2

Pour ce deuxième chapitre consacré à la cuisine zéro-déchet, c’est Léa, cuisinière professionnelle et organisatrice d’événements culinaires, qui va donner ses tips pour cuisiner sans faire de déchets :

Pour limiter vos déplacements au supermarché (et pour vous éviter la queue type Disneyland dès l’entrée), on a pensé aux gestes simples qui vous permettront de vous nourrir de façon responsable. A la clé, moins de déchets et de gaspillage…

1. Les essentiels

  • Les dates de péremption

En cuisine professionnelle, le premier truc qu’on vous apprend c’est de faire attention aux DLC (dates limites de consommation). Pour éviter le gaspillage, on a la technique du first in first out. Ça veut simplement dire que l’on utilise l’ancien aliment avant le nouveau. C’est du bon sens qui nous évite de découvrir un paquet de jambon datant de 2016 au fond de nos frigos. Ainsi le principe est élémentaire, on met en premier les aliments qui ont une DLC courte et on fait un roulement. L’idée c’est que la première chose que vous voyez quand vous ouvrez votre frigo c’est les aliments qui périment bientôt.

  • Cuisiner les bonnes quantités

C’est toujours compliqué d’adapter la quantité au nombre de convives. On a toujours peur de manquer. Le problème est que lorsqu’on produit trop, c’est qu’on fini par jeter. Personne n’a envie de manger pour la quatrième fois le même plat, alors il faut cuisiner pour le nombre de personnes présentes à table et pas plus ! 

  • Des courses organisées

C’est connu, il ne faut pas aller faire les courses avec l’estomac vide, mais il ne faut pas non plus aller les faire sans être organisé. Pas forcément besoin de créer tous vos menus de la semaine. Mais quelques lignes directrices aident. 

2. Les bouillons, pour tout utiliser !

Ils donnent du goût à toutes vos cuissons et préparations, pouvant servir de base pour des sauces, des soupes ou des plats cuisinés et vous feront oublier vos cubes Knors. Le bouillon de légumes peut être effectué avec pratiquement toutes les chutes de légumes et quelques aromates. On peut faire des variantes (aux saveurs asiatiques, indiennes ou autres par exemple)

La recette du bouillon de légumes

Laver et éplucher les chutes et épluchures de légumes. Mettre une cuillère d’huile d’olive dans la cocotte, ajouter tous les légumes et les colorer délicatement. Ajouter le persil, l’ail, le poivre, l’eau. Faire bouillir à petits frémissements durant 1h à 1h30. 

La recette de « cubes de bouillon de légumes »

Même début de recette mais la petite astuce est de mettre le bouillon dans des cubes à glaçons. (On peut également ajouter de l’agar-agar qui est un gélifiant naturel). Ainsi vous avez la quantité suffisante à chaque utilisation.

Le jus de viande 

C’est la technique parfaite pour le zéro déchet ! Le principe est d’utiliser toutes les parures de viande (veau, bœuf, agneau, volaille…). Il faut simplement ajouter une garniture aromatique et des chutes de légumes disponibles. Avec un bon jus de viande, on réussi toutes nos sauces !

La recette :

  • Rissoler les parures de la viande dans une casserole avec un peu d’huile. Bien colorer les morceaux, fariner légèrement et bien remuer,
  • Ajouter la garniture aromatique puis les herbes et faire suer,
  • Mouiller avec de l’eau,
  • Réduire jusqu’à environ la moitié de la quantité,
  • Filtrer le jus de viande et continuer à réduire

La variante pour le poisson s’appelle le fumet et le principe reste le même.

3. Le salage

Une technique ancestrale qui a fait ses preuves. Pour conserver un poisson ou une viande plus longtemps et ajouter du goût, rien de mieux que le salage. 

L’exemple parfait est le gravlax. Recette d’origine nordique, elle convient pour conserver du poisson et même de la viande. 

La recette du saumon Gravlax  

Pour 500 g de saumon, il faut 150 g de gros sel, 80 g de sucre en poudre et divers graines (comme Baie rose, poivre, aneth ou autre).

  • Désarêter le saumon,
  • Mélanger ensuite le sucre avec le gros sel et les graines,
  • Répartir le mélange sur une plaque puis poser le saumon par-dessus, côté chair, 
  • Recouvrir d’un film alimentaire puis laisser au frais pendant 10 à 12 h,
  • Rincer le saumon à l’eau claire puis le sécher à l’aide de papier absorbant.

4. Les bocaux 

La recette de la confiture

Rien de tel qu’une confiture pour utiliser les fruits murs et les conserver des mois. Un classique qui fonctionne !

  • 1,2 kg de fraises équeutées/ 1,2 kg de sucre semoule ou de sucre cristallisé/ 1 citron
  • Laver les fruits, presser le citron pour en extraire le jus,
  • Mélanger l’ensemble et laisser macérer quelques heures,
  • Porter à ébullition, Maintenir un feu vif et remuer souvent 15 à 20 minutes,
  • Fermer et mettre les bocaux à l’envers 1 min, puis les remettre à l’endroit pour les laisser refroidir

La recette des pickles

  • 1 botte de radis (ou autres légumes)/ environ 100 g de sucre/ des aromates et/ou épices et de l’eau 50 cl
  • Laver soigneusement les radis. Dans une casserole, mettre à bouillir le vinaigre, le sucre et l’eau, les aromates, les épices et verser le tout sur les radis.
  • Couvrir, puis laisser reposer pendant 48 h minimum avant de les conserver en bocaux.

La recette des légumes à l’huile

  • Laver et couper les légumes de votre choix, 
  • Mettre en bocal avec de l’huile d’olive. 

4. La terrine et la rillette

Elles permettent de consommer un grand nombre de type de « reste » sans s’en rendre compte. 

La recette de la terrine 

  • 500g de reste de volailles (par exemple)/ 3 échalotes/ 3 gousses d’ail / 1 gros bouquet d’aromates / 5 œufs/ 30 cl de crème fraiche / légumes divers/ huile d’olive 
  • Pelez, hachez et faites suer dans de l’huile les échalotes et l’ail. Coupez les blancs de volaille en cubes, mixez-les avec les œufs, la crème fraîche, du sel, du poivre, la fondue d’ail et d’échalotes. Lavez les herbes et ciselez-les finement,
  • Préchauffez le four à 180 ºC. Chemisez (beurrez) la terrine. Remplissez-la de la moitié de la préparation au poulet, ajoutez les aromates puis l’autre moitié. Recouvrez de légumes et d’une feuille de papier sulfurisé.
  • Enfournez pour 1 heure au bain-marie. Servez tiède ou froid avec une salade verte.

La recette de la rillette 

  • 500 g de reste de saumon ou autre poisson/  60g de beurre/ 15 cl de crème liquide/ épices
  • Mettre le saumon dans un bol, puis l’émietter à l’aide d’une fourchette et ajouter le beurre à température ambiante avec les épices. Verser progressivement la crème.

6. Les desserts

Encore une vieille technique de grand-mère, mais elles avaient tout compris… Transformer les restes en desserts gourmands. 

La recette du pain perdu

  • Du pain rassis/ 3 œufs/ 50 g sucre/ 175g de lait 
  • On mélange œufs battus, sucre et lait. On trempe le pain dans la préparation. On attend que le pain soit légèrement mou. Dans une poêle, on fait dorer le pain avec du beurre. On peut ajouter plein de choses à notre pain : caramel, sucre, sirop d’érable. Hyper gourmand ! 

La recette du pudding    

  • 1 l Lait/ 4 œufs / 5 g de cannelle/ 250 g de pain rassis/ 50 g de raison sec / 50 g de beurre   
  • Couper le pain rassis en petits morceaux, puis le disposer dans un moule beurré et ajouter les raisins secs. Préchauffer le four à 180 °C.
  • Dans une casserole, faire chauffer le lait à feu doux. Ajouter  la cassonade et la cannelle, mélanger puis retirer du feu.
    Faire fondre le beurre à feu doux.
    Battre les œufs, puis ajouter progressivement le beurre fondu et le lait chaud. Verser ensuite l’ensemble de la préparation dans le moule et la saupoudrer de cannelle.
  • Enfourner pendant 45 min à 1 h, jusqu’à ce que le centre du pudding soit pris 

7. La congélation

Opération incontournable pour conserver les aliments. Il faut cependant respecter quelques règles pour congeler vos bons petits plats. 

Premièrement l’emballage doit être hermétique et étanche (dans des contenants qui résistent aux forts écarts de températures). Deuxièmement on ne congèle que des aliments froids. Enfin on indique le contenu et la date de congélation. 

LA règle d’or à vraiment respecter : ne recongelez jamais un produit qui avait déjà été congelé ou surgelé.

8. Le compost

On allège ses poubelles de 40% avec un compost. Il est possible d’en fabriquer un ou d’en acheter dans le commerce. En appartement ou en maison, il est possible d’avoir un compost qui ne prend pas trop de place et qui est impeccable pour vos plantes. En une semaine on récupère le jus de fermentation qui sert à l’arrosage des plantes (1/3 de liquide+2/3 d’eau) et en un mois on a un compost à mélanger avec la terre des plantes.  

Le plus important au quotidien, c’est de se poser la question avant de jeter si on est sûr que rien ne peut être utilisé. L’idée est de toujours être dans une utilisation optimale de chaque aliment. Ca fera un bien fou à la planète et à votre portefeuille.  

Léa Giraud

Les crêpes de Sophie

Aujourd’hui Sophie, la sœur de Morgane, partage sa recette de crêpes et un petit texte pour introduire la délicieuse odeur du beurre qui frémit sur la billig.

« Au levé du jour, l’oncle et la tante ont trait leurs vaches. Ce lait, tout juste sorti du pis, épouse le mélange. Pendant ce temps le beurre chante. Il accompagne la mélodie du cidre dans nos verres. une agréable odeur infuse le lieu. le beurre roussi, se parfume et prend une couleur noisette. Le beurre est additionné comme un volcan sorti de son repos, la pâte crépite et laisse apparaître des petites bulles qui éclatent. Sur la billig, la pâte est versée. D’un mouvement ni trop vif, ni trop lent, la rozell étale la pâte. La crêpe se colore, dore, puis fond dans la bouche.  » Sophie

Designeur.euse le temps d’un défi

Pendant une journée, on vous avait lancé le défi de créer des maquettes de chaises… La chaise, cet objet-phare de designeur.euse… Et on n’a pas été déçues par vos retours !!!

Cette idée ne venait pas de nous, mais de Maxenrich et Sight Unseen, qui proposaient sur Instagram de jouer au designeur.euse en faisant des chaises miniatures avec des objets de la maison. Ni une ni deux, on a lancé tout le monde sur le projet !

Pendant ces temps de confinement, on utilise et on détourne tous les jours des objets de nos maisons. On redécouvre ce qu’on a au fond de nos tiroirs et on imagine d’autres usages avec nos objets quotidiens pour combler ce qu’on n’a pas… Alors imaginer du mobilier en riquiqui avec nos petites babioles, ça nous a séduites !

En jouant le jeu, vous nous avez montré, une fois de plus, qu’on est tous.tes inventeur.euse à notre manière ! On a beaucoup aimé recevoir des petits bouts de vos chez-vous et constater votre créativité !

On vous laisse cette petite galerie de photos pleine de perles…

L’heure du déjeuner

Lorsque c’est mon tour de cuisiner, je commence par faire l’état des lieux des aliments que m’offrent mes placards et la pièce d’à côté plus fraîche qui nous sert de garde-manger et aussi d’atelier. Les légumes, les graines, les épices, les farines, alignés les uns à côté des autres semblent être une palette de peintre, une palette comestible chargée d’énergies solaires et terrestres qui bientôt nourriront toute une tablée. Comme des mains creusées pour accueillir l’eau d’un ruisseau, les bols et les assiettes en faïence peinte un peu ébréchées portent la mémoire de tant de repas quotidiens et qui aujourd’hui encore accueilleront le déjeuner pour offrir l’énergie vitale. Alors comme le bol, je souhaite accueillir tel les vieilles racines du mot, c’est-à-dire réunir, rassembler. 

Studio Olafur Eliasson, En Cuisine

Je me souviens d’un stage que j’ai réalisé chez un artiste faiseur de meubles et de poussière de bois. Le temps du repas était un moment essentiel dans la journée, l’heure de la sieste des machines, le temps de la pause et des discussions. L’heure du déjeuner m’offrait chaque jour un peu plus d’informations sur les personnes qui travaillaient dans l’atelier. Chaque déjeuner complétait des bribes de leurs histoires. Une heure avant le déjeuner, je quittais ma ponceuse et mes poussières pour monter à la cuisine toute éclairée du soleil qui passait au travers de la verrière. C’était un moment délicieux avec lequel je devais répondre à une importante mission : faire plaisir avec des ingrédients simples et une petite heure de travail. Sur la grande table ronde en bois, je disposais le paysage des plats et des couverts autour d’un bouquet de fleurs fraîches. The Food is ready ! S’en suivait alors le silence soudain des machines et les pas dans les escaliers, puis le bruit des couverts et des conversations. 
Je me demandais parfois comment les nuages au-dessus de nous voyaient ce repas et ses convives, sûrement une sorte de petit écosystème.

Manger ça concerne tout le monde, car pour vivre nous devons manger. Pour nous déplacer, agir, penser, nous avons besoin d’énergie, de nutriments. Se nourrir est un acte premier, vital, indispensable à la vie. 

Je pense qu’être designeuse, c’est réfléchir à comment accueillir, comment créer des connexions, comment lier des éléments, des personnes, des savoirs, des cultures entre elles comme dans le foyer d’une cuisine. 
Design vient de l’ancien français designer dérivé du latin designare c’est-à-dire “marquer d’un signe, dessiner, indiquer”. Alors en étant designeuse je me demande qu’est ce que je veux montrer, qu’elle est l’empreinte que je souhaite laisser ? Comment je veux vivre ? Comment puis je être composante de cette immense communauté vivante que porte la planète ?
Un village, une ville, c’est un peu comme cette grande table, mais avec beaucoup d’ingrédients qui sont des êtres vivants, des éléments naturels, des constructions, des réseaux, des flux, etc … À l’échelle de mon village, de ma ville, comment puis-je de nouveau penser cette table et réunir autour d’elle ? 
Au centre de la table est posé un pain. Je me demande alors qui l’a fait, d’où vient la farine qui le compose, combien de jours prends un levain pour monter, d’où vient le blé qui fait sa farine, qui a récolté et semé ce blé, et les graines avant d’être semées où étaient-elles, comment on-elles poussé, depuis quand existent-elles ? Un pain peut apporter tant de questionnements ! On part d’un petit point pour débobiner mailles après mailles son histoire qu’on peut ensuite lier à d’autres histoires, d’autres compagnon.e.s. Compagnons me dit mon cher dictionnaire vient du latin companionem, c’est à dire « celui qui partage le pain avec un autre », de cum, « avec », et panis, « pain ».

Il est maintenant l’heure de dessiner notre table avec ses plats, ses recettes, ses compogon.e.s, ses convives et ses délicieuses couleurs. 

Morgane.


TRASH COOKING, ou la cuisine zéro-déchet

Alors ce mot peut sembler un peu bizarre, mais il explique un concept inventé par René Redzepi, le chef du restaurant Noma à Copenhague. Cela veut dire cuisiner avec la totalité des aliments qu’on utilise, qu’il ne reste plus aucun déchet alimentaire, même à mettre au compost ! L’idée, c’est que TOUT se mange.

Le point de départ de cette trouvaille c’était quand j’ai regardé le documentaire « Le théâtre de la vie » sur Netflix, qui m’avait interpellé par son nom pas anodin. Le documentaire raconte l’aventure culinaire du chef Massimo Bottura, qui a fondé le Refettorio Ambrosiano, à l’occasion de l’Exposition Universelle de Milan, consacrée à l’alimentation. Cette soupe populaire expérimentale accueille alors des classes d’enfants qui viennent manger le midi et le soir des personnes sans domiciles. Des chefs se succèdent et cuisinent gratuitement à partir d’excédents alimentaires cédés par des partenaires et supermarchés voisins.

Le concept de Massimo est simple et se résume à cette formule : « Le pain est d’or ». On peut faire de la panure avec du pain rassis, du bouillon avec des épluchures de légumes. Du chutney avec des peaux de banane. Et ça peut être délicieux, ça peut être digne de la table d’un grand restaurant, et cette éducation au goût doit être accessible à tous.tes.

J’ai donc lu l’aventure de Massimo dans son livre qui porte le même nom « Le pain est d’or », et me suis renseignée sur le trash cooking vu par René Redzepi. Je vous partage les recettes qui m’ont marqué, et qui montrent qu’on peut cuisiner vraiment avec tout :

En tout cas, cuisiner avec les rebuts alimentaires ne date pas de la dernière pluie. La cuisine bouddhiste, qu’on appelle zen aussi, a toujours mis en valeur l’aliment, et développé un respect mutuel entre l’aliment et la personne qui cuisine. Le tenzo, moine cuisinier, cuisine uniquement des plats végétariens. Les préceptes de cette cuisine sont :

  • traiter les aliments avec respect et gratitude
  • rechercher l’harmonie des saveurs
  • clarifier son esprit
  • adopter joie, bienveillance, ouverture d’esprit et méditation
  • observer une hygiène rigoureuse

La cuisine zen n’est alors pas seulement une alimentation saine, c’est aussi une philosophie de vie qui interroge notre être au monde, à soi, à l’autre.

Comme dit le chef cuisinier Gaston Acurio : « Lutter contre le gaspillage commence par comprendre comment les autres cultures utilisent au mieux leurs ingrédients. En observant les différentes traditions culinaires, on peut inventer de nouvelles, qui permettent de résoudre les problèmes du gaspillage alimentaire, mais également de rapprocher les hommes. »

Pour finir, petite anecdote, sachez que 90% de notre sérotonine est produite dans notre ventre, et que la sérotonine c’est le neurotransmetteur impliqué dans la gestion des humeurs et c’est lui qui est associé à notre état de bonheur. Donc prenons soin de nos petits et gros estomacs pendant ce confinement !

En vous souhaitant une belle journée à la vivacité d’une pastèque à hélices !

Laura

Les gaufres au levain

Il y a quelques jours, j’ai commencé mon levain naturel. Je vous en parlais dans cet article. J’ai pas encore réussi à faire un pain digne de ce nom même si je suis sur la bonne voie avec ma maman. Mais après quelques recherches j’ai découvert que le levain pouvait servir à pleins d’autres choses ! J’ai donc décidé de faire des gaufres au levain pour le petit déjeuner.

Pour une dizaine de gaufres au levain :

  • 170g de levain
  • 330g de farine de blé bio
  • 450g de lait
  • 100g d’huile vierge
  • Une cuillère à café de sel
  • Une cuillère à soupe de cassonade
  • 2 oeufs
  • Une cuillère à café de bicarbonate

La veille, mélangez le levain, la farine, et huile. Ajoutez au fur et à mesure le lait. Une fois le mélange homogène, ajoutez le sucre et le sel.

Laissez reposer toute une nuit dans un grand saladier. La pâte va surement doubler de volume donc prévoyez large.

Le lendemain, faites préchauffer le gaufrier et pendant ce temps ajoutez les œufs et le bicarbonate à votre préparation.

Cinq minutes dans le gaufrier et vous pouvez servir de belles gaufres au levain croustillante à l’extérieur et fondante à l’intérieur.

recette gaufre au levain

J’ai lu qu’on pouvait utiliser cette même base pour des pancakes, à tester !

Louna

L’aventure du levain naturel

Tout a commencé par une pénurie de levure boulangère fraiche au supermarché. Comme quoi je n’étais pas la seule à vouloir faire du pain pendant ce confinement. Dire que je m’entraine chez moi depuis le mois de novembre et je voulais profiter des vacances de Pâques pour impressionner ma famille avec mon pain bien moelleux. Tant pis, je vais enfin m’essayer à faire mon levain naturel. J’ai trouvé une recette très simple :

  • 200g de farine de seigle bio
  • 200g d’eau
  • 100g de pomme râpée

On mélange le tout dans un bocal type grand pot à compote. (ça va gonfler un peu) On ferme, on le pose dans la cuisine. Et pendant 2-3 jours on le laisse fermé en le remuant parfois avec une spatule en bois ou une maryse. (Il semblerait qu’il faut éviter le métal)

recette levain

Au bout de 3 jours, il commence à faire des bulles et son volume augmente. Parfait. Je me lance dans mon premier pain mi-farine de seigle, mi farine de blé. Et bien c’est un échec cuisant.

Du coup je nourris mon petit levain naturel avec 100g de farine de seigle, 100g d’eau à température ambiante.

Un peu dépitée je l’oublie et deux jours plus tard quand j’ouvre mon bocal à levain l’odeur est un peu plus acide mais forte agréable. J’ai peut-être été un peu impatiente la première fois !

Je ne vais pas encore partager ma recette de pain au levain naturel parce que je n’en suis pas 100% satisfaite mais je sens qu’on s’en approche.

Pour l’instant dès que expérimente et que j’utilise mon levain, je lui redonne à manger moitié farine de seigle, moitié eau.

A bientôt avec la suite des aventures au pays du levain.

Louna

Faire son propre MÖLKKY

Enzo est de retour après sa table/tabouret et a concocté un jeu que beaucoup d’amateurs.trices (et pas que du Nord) adorent, c’est le MÖLKKY ! Ce jeu peut se jouer à un nombre incalculable de gens, et il peut être très long comme très court, on ne sait jamais à l’avance :). Ce qu’on sait par contre, c’est qu’on en arrive très vite à se rouler par terre de désespoir, donc essayez de jouer dans le jardin ce sera plus confortable !

Pour faire son MÖLKKY il vous faut :

  • Des rondins de bois (ici du bouleau)
  • Une scie (attention les doigts hein)
  • Un éplucheur (oui celui des patates ira très bien ne vous en faites surtout pas)
  • Du papier de verre/papier à poncer
  • Un stylo
  • Un mètre
  • Un marqueur
  • Un peu de volonté, un peu de temps et un bon esprit de joueur (car vous ne regretterez pas le jeu que vous allez faire !)

Vous avez tout pour commencer ! 

Et maintenant que vous l’avez fabriqué (ou bien si avez un MÖLKKY qui prend la poussière dans votre cabanon à pelles et cannes à pêche), voici les règles du jeu :

Comment placer ses quilles

Enzo

De la beauté des vieux tissus #1

Des couleurs, des motifs, des taches… et surtout des histoires.

Les vieux tissus qui sont dans nos armoires, qu’on a mis de côté, mais dont on ne s’est jamais séparés ne demandent qu’à vivre de nouvelles aventures.

Alors pourquoi ne pas en rassembler quelques uns, en faisant des accords de couleurs, juste comme ça, à l’instinct ? Pourquoi ne pas se laisser porter par leurs motifs, leurs nuances et créer des alliances de tissus qui ne s’étaient jamais rencontrés jusque là ?

Et puis, tant qu’à rassembler des bouts de tissu, pourquoi ne pas créer une nouvelle surface, en se laissant porter par les envies du moment ?

Les envies… quelqu’un.e aurait dit grand air et repas entre ami.e.s ?

Alors lançons-nous ! Un peu de grandeur dans nos petits appartements, et puis une bonne dose de couleurs, un poil de créativité… et nous voilà avec un projet de nappe de pic-nique pour se préparer à la grande fête qui célèbrera les beaux jours et l’amitié !!!

C’est parti ! On étale les tissus sélectionnés au sol, on observe quelques minutes et on plonge la tête la première dans la composition ! D’abord on se donne un format (on imagine un cadre délimité par cette latte de plancher et cette rangée de carrelage), c’est plus simple pour composer à l’intérieur. Et puis ensuite, on n’hésite pas à couper ce drap immense pour le répartir à différents endroits dans le format choisi, en le calant ente ce petit bout de motif fleuri et ce moyen bout de tissu uni. Le tout est de trouver un équilibre entre tous ces tissus étalés au sol. Mais aucune crainte, l’équilibre que vous trouverez, ce sera un parmi plein d’équilibres possibles, et il vous sera propre ! Le tout est de fabriquer avec ses mains parce que ça fait toujours du bien, de penser aux beaux jours et de redonner de la valeur à ce qu’on a laissé de côté.

Aspect technique : pour coudre les bouts de tissu ensemble, il faut les épingler endroit contre endroit, les passer à la machine à coudre, puis repasser les coutures aplaties. Et recommencer !

Le challenge est de trouver dans quel ordre coudre les morceaux de tissus ensemble. Des petits bouts qui forment une première bande. D’autres bouts qui en forment une deuxième. Puis ces deux bandes ensemble… C’est une certaine une gymnastique de l’esprit pour mon cerveau pas tout à fait cartésien.

Chloé